Créer un socle minimum de 24 jours de télétravail par an, mettre en place un "titre télétravail", ou encore lutter contre la culture du présentéisme: Terra Nova formule une série de propositions pour un "travail hybride socialement responsable", dans un rapport publié en octobre.
Le "think tank" (groupe de réflexion) marqué à gauche part du constat que le travail à distance provoqué "à marche forcée" par la pandémie de Covid-19 "est là pour durer". "Passé le temps de l'urgence et de l'improvisation, il est temps de prendre un peu de recul", ajoute-t-il.
Parmi ses 86 propositions, le rapport suggère notamment la mise en place par un accord national interprofessionnel d'un socle annuel minimum de télétravail fixé "à 24 jours (comme en Allemagne)", si les tâches des salariés et les activités de l'entreprise le permettent.
Les auteurs plaident pour la création d'un « droit effectif au télétravail opposable à l'employeur ». Objectif, redonner du pouvoir aux collaborateurs face à des entreprises parfois réticentes au travail à distance dans un contexte de « culture du présentéisme » et d'« idées fausses parfois fortement ancrées », déplore le rapport. Il faudrait donc créer « une forme d'ordre public social en matière numérique qui s'imposerait à l'ordre conventionnel et à l'ordre contractuel » peut-on y lire.
Il évoque aussi la création d'un "titre télétravail" pour "inciter les entreprises à faciliter l'accès de leurs collaborateurs à des espaces de travail partagés et leur donner ainsi le choix du lieu de travail (sur site, dans un tiers-lieu ou à domicile)".
Le rapport suggère aussi de lutter contre la culture du présentéisme "encore trop profondément ancrée dans notre pays" ou recommande aux employeurs qui peinent à recruter ou à garder leurs salariés de s'interroger sur la place donnée au travail à domicile, "souvent peu développée".
Les auteurs relèvent également que "71% des dirigeants d'entreprise n'ont pas prévu une formation des managers" aux pratiques adaptées au travail hybride, pointant un risque d'une transition managériale qui risque de "s'encalminer".
Ils invitent aussi les entreprises à revoir leurs "rituels sociaux" (pauses, réunions...) pour les adapter au travail hybride.
Parmi leurs nombreuses propositions, ils suggèrent encore d'annexer aux accords télétravail un droit à la déconnexion ou d'établir la possibilité pour tout salarié de faire connaître son souhait non satisfait de télétravailler - au sein d'une commission de suivi dans les entreprises de plus de 50 salariés, auprès des syndicats ailleurs.
D'après le rapport de Terra Nova, certains pays européens ont légiféré pour imposer le télétravail à l’employeur. C’est le cas en Allemagne en particulier, où a été instauré un droit au télétravail pour au moins 24 jours par an, si les tâches des salariés et les activités de l'entreprise le permettent. Les employeurs allemands seraient notamment contraints d'offrir la possibilité à leurs salariés de travailler depuis leur domicile en l'absence d'une « raison professionnelle impérieuse » de venir sur le site de l’entreprise. Les Pays-Bas viennent également d’inscrire le télétravail comme un droit pour l'employé. Depuis une loi de juillet 2022, si un travail peut être effectué à distance, l’employé pourra le demander, voire l’exiger. La Lituanie et le Portugal ont également modifié leur législation sur le sujet.