Chaque semaine, Offishall lit la presse et épluche les articles liés au travail hybride. Voici notre sélection des trois contenus immanquables ces sept derniers jours.
Près de 4,5 millions d'américains ont quitté leur emploi au mois d'août d'après les chiffres officiels. 20 mois après le début de la pandémie, la Grande Démission qui sévit aux Etats-Unis s'explique par différentes raisons. Au fil des confinements, les travailleurs ont eu le temps de remettre en cause leur vie professionnelle notamment au regard du manque de souplesse et de flexibilité de leur travail. Cette introspection les a parfois mené à changer de vie, d'orientation, de métier ou encore à reprendre des études pour les plus jeunes. Les employés plus seniors en ont profité pour partir en retraite anticipée. C'est ainsi que l'on explique les origines de Grande Démission à l'automne 2021.
Mais pour la journaliste du Guardian Moira Donegan, l'hémorragie de travailleurs américains est en partie du à "l'expulsion des femmes du marché du travail", un phénomène déjà existant pré-pandémie et largement accéléré avec la crise sanitaire.
Pendant le covid, "les femmes ont quitté le marché du travail deux fois plus vite que les hommes ; leur représentation au sein de la population active est à son niveau le plus bas depuis plus de 30 ans" peut-on lire dans le Guardian. Non moins édifiant, on apprend qu'un tiers des mères actives ont réduit ou quitté leur emploi depuis mars 2020. C'est ainsi que la pénurie de main d'oeuvre actuelle touche durement les secteurs très féminins, que sont l'hôtellerie, la vente, ou encore la santé. En cause, la fermeture durable ou intermittente des écoles depuis le début de la pandémie, qui a forcé les femmes à s'occuper de leurs enfants, dans un contexte où le prix des garderies est très élevé. Moira Donegan pointe du doigt le déséquilibre entre les bas salaires perçus par les femmes (sur-représentées dans les secteurs peu rémunérateurs) et les solutions de gardes d'enfants rares et chères qui pousserait les femmes à ne plus travailler.
Si les femmes sont les grandes perdantes des changements liés à la pandémie sur le marché du travail, les jeunes sont aussi victimes de l'essor du distanciel. Parue dans le New York Times, cette tribune évoque les dérives du 100% télétravail pour les jeunes employés nouvellement embauchés. Le message principal pourrait se résumer par l'extrait suivant : "le travail flexible - en l'absence d'accompagnement - peut nuire aux employés les plus inexpérimentés d'une organisation." En intégrant une entreprise et une équipe à distance, le collaborateur n'acquiert pas de compétences non-techniques nous explique cet article, comme la socialisation ou encore la confiance. La réduction voire la suppression des échanges informels évince aussi l'apprentissage des jeunes recrues, qui ne peuvent pas librement poser de questions aux autres collaborateurs de manière légère et impromptue. Dans ce contexte, le travail devient vite entièrement transactionnel, se limitant à « échanger des informations dans la poursuite d'un objectif immédiat », comme le décrit une jeune femme interrogée par les deux auteurs du texte, Anne Helen Petersen et Charlie Warzel, co-auteurs du livre en court d'écriture "Out of office" dont la tribune est adaptée.
"Les commérages, bavardages, pots après le travail et même le langage corporel contribuent à apprendre aux nouveaux employés les normes de comportement au bureau. Ces éléments sont bien plus précieux que n'importe quel manuel d'entreprise."
Moralité, pour mieux onboarder les jeunes recrues à distance, les entreprises doivent avant tout se saisir du problème causé par le distanciel et y répondre (en créant par exemple des programmes de mentorat pour aider les plus jeunes à se former à distance quand ils entrent en poste). Les nouvelles recrues ont besoin d'encadrement, d'orientation et d'accompagnement.
Ce sont des grosses structures, difficiles à manoeuvrer, des marques anciennes, connues du grand public et dont on s'imagine que le management n'est pas forcément d'une grande modernité. Pourtant, les grandes banques françaises ont pris le virage du télétravail et de la flexibilité, nous explique cet article paru dans le Figaro. Elles ont toutes en majorité "renforcé ces derniers mois l’organisation du travail à distance, avec des règles souvent plus flexibles que dans d’autres secteurs" peut-on lire dans ce papier. Au Crédit Agricole, les salariés peuvent être en télétravail jusqu'a 84 jours par an, soit jusqu'à 40% de leur temps de travail. Quant à la BNP Paribas "désormais, 90 % des effectifs du groupe en France peuvent travailler depuis chez eux la moitié du temps." La Société Générale propose à ses salariés de travailler à distance deux jours par semaine. Si le secteur de la banque cherche à définir des règles communes et planche sur un accord de branche, le monde de l'assurance y est parvenu au début du mois.
La généralisation du distanciel dans le secteur tertiaire n'est pas sans conséquence sur certains industries qui pâtissent de ces changements par effet domino. Désertées en moyenne deux jours par semaine, les cantines de bureaux multiplient les innovations pour résister à la crise qui les touche, comme l'explique cet article paru dans Les Echos cette semaine.